La mort n'est pas nécessairement la fin du personnage.

La mort n'est pas nécessairement la fin du personnage.

Question: Si le ” personnage ” n’existe pas et que nous n’avons aucune individualité propre, ni aucune évolution possible puisque ” Ce Qui Est ” est déjà parfait et que le ” Tout ” est par définition déjà complet, et si aucun de nous n’a de mission spécifique pour, selon l’imagerie populaire ” apporter sa pierre à l’édifice ” alors comment toi, tu traduirais le fait de penser à supprimer le personnage quand on ne supporte plus l’identification que l’on est conscient d’avoir par rapport à lui ??? (Je parle de suicide, en finir avec ce rôle.) Si rien n’est important et si rien n’est grave au sein de jeu et des rôles que l’on endosse et si l’évolution n’existe pas, en me suicidant, je ne peux en aucun cas la freiner puisqu’elle EST déjà, et puisque tout est parfait et juste dans l’absolu, n’est-ce pas ??? J’avoue que c’est une question profonde pour tous les gens qui ont perdu un proche par suicide et qui sont persuadés qu’il ” aura tout à recommencer ” puisqu’il n’a pas voulu ” apprendre sa leçon ” ni ” aller au bout de sa mission ” dans cette vie. Comment vois-tu cela ???

Réponse:

Bonjour S,

C’est une très bonne question. Merci de la poser.

Se suicider peut paraître une bonne idée, mais uniquement pour le personnage…

En effet, le seul qui pourrait penser à supprimer le personnage ne peut être que le personnage lui-même. Et en voyant cette évidence, cela devient alors le summum de l’absurdité du personnage! Qui à part ce personnage aurait cette volonté d’en finir s’il savait ne pas être ce personnage ? D’ailleurs même celui qui ne supporte plus l’identification, c’est le personnage. Il ne se supporte pas lui-même et c’est lui qui décide alors d’en finir avec lui !

La vérité est bien au-delà de ça. Si tu n’es pas le personnage pourquoi y aurait-il même un problème dans le fait d’y être identifié ? Quelle importance cela aurait-il ? Comment pourrais-tu être dérangée par ce personnage si l’évidence de ne pas être lui était vue ? En quoi t’importe le comportement du chat du voisin, si tu n’es pas ce chat ? Si pendant un moment d’égarement, ton esprit se mettait à le regarder marcher et que tu te prenais pour lui, que tu ressentais sa légèreté et sa souplesse dans son allure, où serait le problème ? Tu sais que tu n’es pas lui, c’est évident. Tu ne chercherais pas à le supprimer !

La mort, que ce soit par suicide ou de manière naturelle, n’est pas obligatoirement la fin du rêve de l’individualité… Bien sûr, il y aura une fin concernant le corps, mais cela ne garantit en rien le fait que le personnage disparaisse. Il se peut très bien qu’après la mort du corps, il survienne une nouvelle identification à ton âme, à ton énergie, à ton esprit, … Même sans ton corps, il peut se recréer une nouvelle identification et donc un nouveau rôle.

Lorsque la souffrance apparaît, ce n’est pas d’une solution dont nous avons besoin, mais simplement de reconnaître cette souffrance comme étant le résultat de notre ignorance. C’est donc en plongeant au cœur de la souffrance, en s’abandonnant entièrement, que nous pourrons reconnaître la vérité de qui nous sommes.

Quand l’idée même du suicide apparaît, si tu regardes bien, tu verras qu’il y a encore une fuite, un contrôle, dans cette option. Le personnage croit encore pouvoir agir, faire quelque chose, trouver « la solution » pour se débarrasser de lui.  Il préfère continuer à croire qu’il a le contrôle en se suicidant que de reconnaître sa totale impuissance. La vérité, c’est que ni toi ni personne n’est capable de se désidentifier. Personne n’est non plus capable ni de trouver le bonheur, ni de sortir de la souffrance. Cela n’est absolument pas de notre ressort, personne n’a le pouvoir de faire ça. Lorsque cela est  vu, le personnage sombre dans une souffrance et un vide profond et cette souffrance est telle que plutôt que de s’y abandonner, il choisit parfois de recourir à ce qui lui semble être la dernière chose sur laquelle il a du pouvoir : s’ôter la vie.  En réalité, même là-dessus, il n’a pas de pouvoir, car la mort n’existe pas, il est impossible pour la vie de mourir, mais cela il ne pourra le découvrir qu’après son dernier geste et il ne restera alors que la vérité de sa réelle impuissance.

Il n’y a aucun mal dans le suicide comme il n’y a aucun mal à quoi que ce soit d’ailleurs, si cela arrive c’est que cela ne pouvait en être autrement. La personne ayant fait ce geste n’avait absolument pas d’autre choix puisque la personne n’a jamais aucun choix. Du coup, toutes les idées dont tu me parles : le karma, le fait de recommencer, … tout ça n’a pas de réalité. C’est simplement la vision duelle que les gens ont de la vie qui fait qu’ils croient aussi à cela. Dans l’absolu, il n’y a aucune conséquence à quoi que ce soit qui arrive au personnage.