Nous sommes ce mouvement

Nous sommes ce mouvement

Merci Caroline pour tous ces textes que vous publiez. Cependant une question persiste en “moi” : si je dois analyser toutes mes souffrances, mes traumas inconscients depuis…bien longtemps, j’y passerais surement le restant de ma vie ! Je pourrais toujours retrouver une petite souffrance ici et là, un évènement pas totalement intégré et transformé. Ma question est : est-il réellement nécessaire de faire remonter à la conscience tout ce qui est dans l’ordre de l’inconscient en nous ou bien pratiquer la pleine conscience suffit-elle pour traverser et transformer les couches de souffrances inconsciente? Ne serait-ce pas un travail plus ” rapide ” et surtout moins laborieux que de ressasser et transformer des évènements douloureux et inconscients? Ne parviendrait on pas au même résultat (c’est-à-dire cette pleine conscience)? Merci pour ta réponse, ta lumière sur ce questionnement qui ne me lâche pas… A bientôt L.

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Bonjour L.,

Merci pour ta question, elle est très pertinente.

En effet, dans un sens, tu as raison. Il n’y a pas besoin de parcourir l’ensemble de nos souffrances passées pour « vivre en pleine conscience » (pour reprendre tes termes). Par contre, je voudrais éclaircir les choses, car la façon dont tu en parles n’est pas tout à fait juste et cela risque d’être mal compris.

L’ultime vérité, c’est qu’il n’y a rien à faire pour être ce que l’on est vraiment et que donc aucun « travail » n’est nécessaire pour réaliser sa vraie nature. Toutefois, force est de constater que ce qu’il se passe, sans que nous ne fassions rien pour cela, c’est que les souffrances inconscientes font bel et bien surface afin de devenir conscientes et de se dissoudre.

Il y a donc bien un processus qui prend place, mais qui n’est absolument pas un mouvement que nous sommes capable de faire. Il n’y a pas quelqu’un qui puisse retrouver une souffrance, ou l’intégrer ou même la transformer. En réalité, tout cela peut arriver, mais c’est la vie qui agit et non pas la personne. Comment la personne pourrait-elle-même décider de piocher une souffrance dans son inconscient (puisque par définition, elle n’en est pas consciente) pour la faire revenir à sa conscience ? C’est impossible ! Ce qu’il y a, c’est juste la vie qui dans son mouvement amène des expériences et qui, elles-mêmes, font revenir à la surface des souffrances qui peuvent alors se dissoudre. Tout ça est un processus et un mouvement naturel qui émerge spontanément et qui n’a rien à voir avec un quelconque travail que la personne pourrait faire.

Ta nature profonde n’a rien à voir avec le résultat d’une analyse ou d’un travail que tu pourrais faire, ta nature est ce mouvement lui-même, ce processus lui-même. Tu ne vas rien trouver, tu vas simplement réaliser que tu es cela.

De la même façon, « pratiquer » la pleine conscience est tout aussi impossible ! La pleine conscience c’est la présence, c’est la vie se vivant elle-même. Comment serait-il possible de pratiquer la vie ? La vie est ce qui est, à chaque instant et quelle que soit sa forme. Même l’inconscience fait  partie de cette vie et du coup, paradoxalement, elle fait aussi partie de cette pleine conscience.

En fait, ce qu’il peut se passer (mais ce n’est pas l’unique façon), c’est que pour certains à un moment donné, la vie peut amener ce qu’on pourrait appeler « une voie d’investigation » où un processus de dissolution va prendre place. Mais ce processus n’étant qu’un mouvement, cette « voie » ne va être que passagère. Une fois qu’une certaine légèreté surviendra, le mouvement guidera alors naturellement vers une « voie en présence »  où petit à petit cette simple présence s’intègrera de plus en plus.

En réalité, là où tu vois deux façons de faire différentes, il n’y en a qu’une.

C’est toujours le même mouvement et il n’est jamais séparé. Il n’y a donc pas à choisir l’une ou l’autre façon. Il n’y a qu’à constater où le mouvement te porte et se laisser porter.

Merci encore pour cette question.

Je t’embrasse.

Caroline